Comment devient-on une entreprise européenne ?
PayFit a été créé en France en 2015. Mais aujourd’hui, chez PayFit, la France n’est plus le centre de gravité de l’entreprise : elle est devenue un pays “comme un autre”, au même titre que l’Espagne, l’Allemagne, le Royaume-Uni et récemment l’Italie. Et certains réflexes font plus que jamais partie intégrante de notre quotidien : parler anglais, rendre visite régulièrement aux bureaux des autres pays, partager nos expériences, adapter nos idées à chaque marché, harmoniser nos pratiques. Bref, nos collègues ne sont plus seulement de l’autre côté de l’open space, ils sont aussi aux quatre coins de l’Europe !
Mais tout cela ne s'est pas fait du jour au lendemain. Du chemin a été parcouru pour en arriver là. Comment avons-nous progressivement dépassé les frontières de nos pays respectifs pour penser à une échelle plus large, celle de l’Europe ? Et que signifie, au juste, être une « entreprise européenne » ? Comment devient-on véritablement international, pas seulement sur le papier, mais aussi dans l’esprit ?
Le chemin vers l’internationalisation est long et complexe. Pour nous, 4 facteurs ont joué un rôle clé : l’organisation, la communication, la collaboration et les valeurs. Aujourd’hui, nous souhaitons partager nos réussites et nos échecs avec les entreprises qui ont, elles aussi, une ambition européenne.
Quand je me rends dans nos bureaux à Berlin par exemple, ce que je vois ce ne sont pas des Berlinois qui travaillent chez PayFit, mais des PayFiters qui travaillent à Berlin.
Firmin Zocchetto
CEO @PayFit
1. Nos premiers pas à l’étranger
Dans un précédent article, nous vous avions partagé les enseignements de notre expérience à l’international, et comment nous nous en servons pour itérer et améliorer l’ouverture d’un marché étranger.
En juin 2018, nous avons ouvert notre premier bureau en Espagne. Très vite, nous nous sommes rendus compte qu’il était essentiel d’avoir un Country manager pour donner une direction stratégique au pays. De même, il est clé d’avoir une équipe marketing dédiée, comme c’était le cas pour les commerciaux locaux, puisque notre solution s’adapte à la législation du pays.
En parallèle, nos équipes se sont structurées. Nous avons engagé de plus en plus de profils expérimentés pour construire une équipe de direction solide et impulser une stratégie ambitieuse à l’ensemble de la boîte.
Comme de nombreuses boîtes, il nous a fallu répondre à la question suivante : comment combiner la nécessité d’avoir des équipes locales dédiées et l’envie de fédérer une boîte qui devient européenne ?
Rapidement, il est devenu clair que les équipes auraient des responsabilités dites “globales” et “locales”. Pendant longtemps, la France, pays d’origine de PayFit, a occupé une place un peu à part dans notre organisation. Plus matures sur leur marché, plus expérimentées et pesant plus lourd que les autres en termes d’effectifs et de chiffre d'affaires, les équipes françaises ont historiquement joué un rôle prédominant au sein de l’entreprise. Par conséquent, ce sont souvent elles qui ont occupé la scène “globale”.
Évidemment, nous n’avons pas trouvé la bonne organisation tout de suite. Avec l’hypercroissance, notre structure change à peu près tous les 6 mois. Nous devons donc être à l’écoute, rester flexibles et toujours remettre en question nos choix pour être certains que nous avons la meilleure organisation à l’instant T.
Début 2020, nous avons opéré une importante ré-organisation pour résoudre deux points :
Nous avons réalisé que le système global/local n’était pas approprié à tous les départements. Par exemple, nous avions nommé des VP (globaux) pour les départements Commercial et Service client. Rapidement, cela s’est avéré moins efficace pour ces équipes que pour d’autres (comme pour le produit ou le marketing), puisque chaque pays avait des arguments de vente et des relations client différents, etc.
La France, parce que ses équipes globales étaient aussi locales, avait un poids bien supérieur aux autres pays.
La bonne organisation ne se trouve pas du premier coup et nous avançons en apprenant de nos erreurs.
2. Le déclic : la refonte totale de notre organisation début 2020
Nous avons donc décidé de changer de posture et de rééquilibrer notre organisation afin de donner à tous les pays un poids égal. La France est désormais une équipe comme les autres, dotée, elle aussi, d’un Country manager ou Directeur général. Elle s’est aussi accompagnée d’un Directeur commercial et d’un Directeur clients. Chaque pays est autonome dans ses prises de décisions et sa stratégie, et fonctionne comme une entreprise à part entière.
Pour coordonner l’ensemble des actions et insuffler les grandes orientations, nous avons créé une nouvelle entité : l’équipe “Global”, qui partage la vision et les valeurs, définit les objectifs communs à tous les pays, donne accès aux bons outils et aux bonnes pratiques pour que les pays puissent accomplir leur travail dans les meilleures conditions possibles. Le département Global garantit ainsi une unité d’action permanente entre les différents pays. Très régulièrement, le “Global” et les différents pays font le point pour échanger sur les besoins, les difficultés, les priorités et les objectifs de chacun. L’idée est que les pays puissent se référer au Global à la moindre interrogation et au moindre doute.
Le rôle des “Ops”
Les équipes dites “ops” sont là pour faciliter les tâches opérationnelles, améliorer les processus et les outils des équipes locales. Analyse de la situation, solution et formation sont leurs maîtres mots.
De leurs côtés, les équipes locales choisissent leur propre stratégie, en fonction des objectifs du marché, des typologies de clients, etc. La digitalisation, par exemple, est encore un sujet en Espagne, alors qu’au Royaume-Uni, elle est entrée dans les normes depuis déjà plusieurs années. Les intérêts et les problématiques sont donc différents entre les marchés européens. En étant plus autonome, chaque pays reste flexible pour répondre au mieux au besoin de son marché.
Ainsi, nous sommes passés d’une organisation très centralisée et pilotée depuis la France à une structure décentralisée, dans laquelle les pays sont indépendants et épaulés par le Global, qui garantit l’unité d’action et accompagne les équipes locales. Cette nouvelle organisation nous permet de rester agiles au niveau local, tout en bénéficiant d’un cadre fort donné au niveau international.
Au final, notre organisation se calque sur le modèle JetLang* : nous parlons tous le même langage, mais nous nous adaptons à chaque spécificité locale.
Firmin Zocchetto
CEO @PayFit
*Le JetLang est le langage de programmation créé par PayFit pour coder le code du travail français et les conventions collectives. Il est depuis utilisé pour construire des produits sur-mesure des pays dans lesquels PayFit est présent, et pour intégrer toutes les évolutions juridiques dans nos solutions.
3. La devise : nous sommes tous européens
A partir de quand peut-on se considérer comme une entreprise véritablement européenne ? Chez PayFit, nous pensons que l’internationalisation est réussie lorsqu’elle devient une évidence pour tous les collaborateurs. Télétravailler à Berlin, échanger en visioconférence avec son collègue de Barcelone plusieurs fois par semaine, croiser des Italiens dans le couloir ou parler plus souvent l’anglais que sa langue maternelle… Autant de situations qui sont devenues normales ! Au début de l’année 2020, nous avions mené une étude en interne, et c’est par un grand “oui” que les PayFiters ont répondu à cette question “Avez-vous le sentiment de faire partie d’une entreprise internationale ?”, dans leur immense majorité (87%) et tous pays confondus. Nous conservons cette question depuis notre internationalisation dans chacune de nos enquêtes salariés. Aujourd’hui encore, la plus récente de nos études fait part d’un réel sentiment international.
Mais cela n’a pas toujours été le cas. La conscience de notre identité européenne s’est construite peu à peu, et continue de se construire tous les jours ! Elle repose en grande partie sur la façon dont nous choisissons de communiquer en interne. La règle : ne privilégier aucun pays en particulier dans nos communications et prises de parole. Ainsi, dans les newsletters internationales hebdomadaires et mensuelles que nous produisons, nous veillons à ce que tous les pays soient évoqués et représentés de manière équilibrée. De même, toutes les 2 semaines, lors de notre team meeting au cours duquel Firmin Zocchetto nous informe des grandes actualités de l’entreprise, c’est en tant que fondateur d’une entreprise européenne, et non française, qu’il s’exprime.
C’est par la communication que nous forgeons, jour après jour, notre conscience d’appartenir à une entité européenne !
4. Le leitmotiv : échanger, échanger, échanger
Devenir une entreprise européenne, ça se travaille ! Comment ? En encourageant le plus possible la collaboration et les échanges entre les équipes des différents pays. Car c’est dans tous les liens tissés au quotidien, dans toutes les rencontres, dans toutes les expériences partagées que cette « identité européenne » devient une réalité concrète. Alors chez PayFit, nous multiplions les opportunités de travailler et de passer du temps les uns avec les autres.
Avant la crise sanitaire, nos équipes Sales, Opérations, ou Global se déplaçaient régulièrement dans les différents pays. Tous les collaborateurs ont aussi la possibilité de télétravailler dans chacune des villes où PayFit est implanté. Et comme la langue reste (avouons-le !) parfois encore un frein à la fluidité de tous ces échanges, nous pouvons bénéficier de cours d’anglais : des cours sont organisés par groupe de 5 personnes, à raison d’1h30 par semaine.
Quels changements depuis la Covid-19 ?
Depuis juillet 2020, PayFit est passé à une organisation “Work from anywhere”. Les salariés peuvent désormais travailler d’où ils veulent, dans le respect du cadre légal. Pour ceux qui voudraient même vivre dans un autre pays sur le long terme, l’entreprise offre la possibilité d’avoir un contrat là où nous sommes implantés. Plusieurs collaborateurs ont déjà fait le transfert de la France à l’Espagne !
Pour cultiver nos liens, malgré la distance et les différences culturelles, nous avons des outils de communication à notre disposition, bien sûr. Mais au fond, ce n’est pas vraiment une question d’outils : c’est avant tout une question de mentalité, de temps, de patience et d’envie.
Mathieu Bernard
Country Manager France @PayFit
5. L’ingrédient de base : un socle de valeurs fortes et partagées
Quel est le point commun entre un PayFiter berlinois, barcelonais, parisien, londonien et milanais ? Beaucoup de choses nous réunissent, c’est vrai, mais la raison fondamentale qui nous a fait nous rencontrer et qui nous donne l’envie de continuer à travailler ensemble, c’est que nous partageons les mêmes valeurs. Les valeurs sont notre socle, notre ADN, notre ciment. Et ce sont elles qui nous unissent, au-delà des frontières et des spécificités nationales.
Ces valeurs communes, nous les transmettons à chaque nouveau collaborateur au moment de son recrutement. Par exemple, chaque nouvel entrant commence son parcours chez PayFit par une semaine d’immersion dans les bureaux parisiens : cette International boarding week est l’occasion pour lui de rencontrer le CEO, de passer du temps avec les équipes en place, de tisser des liens professionnels mais aussi amicaux et finalement de comprendre l’ « esprit » PayFit.
De la même manière, les Product builders, les ingénieurs codant la paie, et les Country managers de PayFit en Espagne, en Allemagne, au Royaume-Uni ont tous passé quelques mois aux côtés des équipes en France avant de partir développer leur business dans leur pays respectif. Récemment, c’était au tour de notre équipe italienne de s’immerger dans la culture, les processus et les valeurs de PayFit. Ils ont aujourd’hui rejoint leur bureau à Milan.
Dans tous nos bureaux, nous retrouvons la même ambiance, les mêmes rituels le matin… et le même mobilier ! Nous sommes différents, et pourtant quelque chose d’impalpable nous unit : une forme de décontraction alliée à une immense implication dans notre travail, de la bienveillance envers nos collègues et nos clients, une grande ouverture d’esprit, la croyance que tout est possible et qu’il faut toujours tenter, une grande confiance en l’autre, etc. La liste est longue, c’est difficile de résumer l’esprit PayFit !
Amandine Braillard
Head of HR France @PayFit
Un ingrédient de base, un mantra, une nouvelle « normalité » et un déclic : tels sont les piliers qui nous ont permis, chez PayFit, de transformer l’aventure franco-française des débuts en une aventure internationale.
Mais rien n’est acquis, et notre identité européenne doit être travaillée, renforcée et affirmée jour après jour. La Covid-19 nous a montré que les voyages et les rencontres peuvent rapidement s’arrêter. Elle nous a, en revanche, permis d’améliorer nos communications à distance et a ainsi favorisé la collaboration internationale.
Ce que nous retenons de tout cela, c’est qu’il ne suffit pas d’ouvrir des bureaux à l’étranger pour devenir une entreprise internationale : créer une identité commune prend du temps et exige une volonté de fer ! Mais c’est aussi une aventure extraordinaire, à la fois humaine et professionnelle. Nous sommes heureux de l’avoir initiée et de partager notre expérience aujourd'hui.
Cette belle histoire est loin d’être finie et nous avons hâte d’en écrire les prochains chapitres.
5 conseils pour bien vous développer à l’international
Adoptez une organisation décentralisée, qui donne un poids égal à chacun de vos pays.
Coordonnez l’ensemble de vos actions grâce à une entité « Global », qui partage la vision et les valeurs, définit les objectifs communs à tous les pays, et donne accès aux bons outils et best practices.
Rappelez le plus souvent possible, à travers vos communications internes, que vous êtes une entreprise internationale.
Encouragez le plus possible la collaboration et les échanges entre les équipes des différents pays.
Transmettez vos valeurs à chaque nouveau collaborateur, pour ancrer un état d’esprit commun qui unit vos équipes, au-delà des frontières et des spécificités nationales.
Marine Thivend
PR and Event Manager
Mise à jour le 5.09.2021